Nouvelle année meurtrière pour les journalistes


Organisation non gouvernementale avec statut consultatif spécial à l’ONU, la Presse Emblème Campagne (PEC) a publié son rapport annuel pour 2013. In extenso, voici le communiqué de presse rédigé par la PEC à cette occasion.

(comm) L’année 2013 a été encore une année très meurtrière pour les journalistes, en raison de la poursuite de plusieurs conflits armés. De janvier à décembre, 129 travailleurs des médias ont été tués dans leurs fonctions dans 28 pays, en baisse de 8% par rapport à 2012, selon le rapport annuel de la Presse Emblème Campagne (PEC), ONG fondée en juin 2004 à Genève par un groupe de journalistes de plusieurs pays, dont l’objectif est de renforcer la protection et la sécurité des journalistes dans les zones dangereuses en militant pour l’adoption d’une nouvelle convention internationale destinée à améliorer la protection des medias.

L’an dernier, un record de 141 journalistes avaient péri, une augmentation provoquée surtout par la guerre en Syrie. Cette année, le nombre de journalistes tués en Syrie a diminué, mais par contre un nouveau phénomène est apparu avec l’enlèvement de très nombreux journalistes étrangers, dont au moins 15 sont encore détenus ou disparus en Syrie.

Comparativement, et selon les mêmes critères, 107 journalistes avaient été tués en 2011, 110 en 2010 et 122 en 2009 – soit au cours des cinq dernières années un total de 609 victimes, une moyenne de 122 par année, 2.3 par semaine, un tous les trois jours.

Sur les 129 journalistes tués, environ 90 (70%) l’ont été dans des régions en conflit ou ayant connu des troubles internes cette année. Le trois quart des victimes a été intentionnellement visé, le reste ayant péri de manière accidentelle (pour la plupart lors d’attentats à la bombe).

La Syrie arrive en tête de la liste des victimes pour la deuxième année consécutive, avec 17 journalistes tués. L’Irak est en 2e position avec 16 tués, devant le Pakistan avec 14 tués, les Philippines avec 11 tués et l’Inde (9).

Enlèvements sans précédent

En Syrie, le nombre de journalistes tués a fortement diminué (-20), par contre le nombre de journalistes enlevés a connu une très forte hausse. Au moins 15 journalistes étrangers sont actuellement détenus ou disparus: les Français Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin, Peter Torres; les Américains James Foley et Austin Tice; les Espagnols Marc Marginedas, Javier Espinosa Robles, Ricardo García Vilanova ; les Suédois Magnus Falkehed et Niclas Hammarström ;  Basher Fahmi (Jord/Palestinien),  Ishak Mostar (Mauritanie), Samir Kassab (Liban), Bunyamin Aygun (Turquie).

Au moins 15 autres journalistes étrangers ont été détenus et libérés ou ont réussi à s’enfuir cette année, soit au total 30 enlèvements/disparitions. “Ces enlèvements systématiques par des groupes armés sont sans précédent. Même en Irak pendant la guerre de 2003 à 2006, jamais autant de journalistes n’avaient été enlevés. Cela rend extrêmement périlleuse la couverture de la guerre dans ce pays”, a déclaré le secrétaire général de la PEC Blaise Lempen. Ces groupes armés cherchent à financer leur lutte armée en se livrant à une activité qui les assimile à des groupes criminels.

La PEC lance un appel à la libération de tous les journalistes détenus avant la conférence internationale Genève 2 sur la Syrie le 22 janvier en Suisse.

La PEC constate malheureusement que la situation s’est à nouveau détériorée en Irak, en particulier à Mossoul, après une amélioration l’an dernier (16 tués cette année contre 3 en 2012).

Au 6e rang des pays les plus dangereux, la Somalie connaît un répit relatif avec 8 tués contre 19 l’année précédente. Suit  l’Egypte, avec 7 tués, une détérioration marquée provoquée par le renversement du président Morsi le 30 juin.

Au 8e rang, le Brésil a connu moins de victimes (6 contre 11 en 2012), de même que le Mexique (5 contre 11). Avec quatre tués, le Guatemala entre dans la liste des dix pays les plus dangereux.

Suivent l’Afghanistan, la Colombie, le Honduras, la Libye et la Russie, avec trois tués dans chaque pays. Deux journalistes ont été tués en Haïti, au Kenya, Mali et Paraguay. Enfin un journaliste a été tué en Côte d’ivoire, Centrafrique, Equateur, Nigéria, Ouganda, Pérou, République démocratique du Congo, Tanzanie et Yémen.

Par région, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord arrivent en tête avec 44 tués (34%), devant l’Asie 37 (29%) et l’Amérique latine 27 tués (21%). L’Afrique vient en 4e position avec 18 tués (14%), devant l’Europe 3 tués (2%).

Progrès sur le plan international

“Un grand progrès a eu lieu cette année sur le plan de la mobilisation de la communauté internationale”, a souligné Blaise Lempen. Le Conseil de sécurité de l’ONU a tenu deux réunions sur la protection des journalistes, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté une résolution, le Conseil des droits de l’homme a décidé d’organiser un débat et l’UNESCO a poursuivi de son côté l’application de son plan d’action.

“Cette prise de conscience est un immense succès pour les organisations de défense des journalistes. Il y a quelques années, les gouvernements ignoraient le problème ou fermaient les yeux. Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir s’il faut faire davantage pour protéger les journalistes dans les zones de conflit, mais ce qu’il faut faire concrètement”, a dit Blaise Lempen. Pour la PEC, il reste cependant beaucoup à faire pour des changements concrets sur le terrain, en particulier dans la lutte contre l’impunité.

La présidente de la PEC Hedayat Abdel Nabi a affirmé que la communauté internationale va dans la bonne direction pour rendre justice aux journalistes qui ont perdu la vie dans la défense de leur profession et des droits de l’homme.

Liste des victimes sur : www.pressemblem.ch

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