Un film raconte la misère de la paysannerie française


Sur toute la planète, le monde de la paysannerie est en grand danger.

PAR CHRISTIANE BETSCHEN

Au fil des siècles, depuis le néolithique, les populations paysannes avaient travaillé la terre en s’adaptant à leur environnement, agissant en symbiose avec celui-ci sans épuiser les ressources offertes par la nature. Certaines techniques avaient évolué peu à peu, auxquelles les paysans s’étaient adaptés selon leurs moyens: en Occident, la dernière grande mutation avait débuté au milieu du XIXe siècle quand les machines ont peu à peu remplacé la force humaine et animale.

Et, voici que depuis une quarantaine d’années, la course au profit de grandes sociétés multinationales vient bouleverser un équilibre patiemment maintenu. Dans des régions où jusqu’ici la terre appartenait à celui qui la travaillait, les multinationales ont procédé à des achats massifs de terres leur permettant de produire des monocultures d’exportation. Plus près de nous, la pression exercée par l’agrobusiness sur la politique économique force les agriculteurs à augmenter leurs productions, ce qui a pour effet de faire baisser les prix qui leur sont payés.

En théorie, ces phénomènes commencent à être connus du grand public. Mais, la réalité sur le terrain?

Il y a quelques jours, France 2 a diffusé un documentaire d’une grande qualité: “Les Fils de la terre”. L’auteur, Edouard Bergeon, est fis d’agriculteur. Après avoir vécu une enfance heureuse dans la ferme de ses parents, il a vu la situation se dégrader peu à peu pour sa famille, les soucis et les dettes miner le moral de son père, lequel a succombé dans ses bras en 1999 après s’être volontairement empoisonné avec un pesticide.

Quinze ans après ce drame, Edouard Bergeon va suivre un jeune paysan du Lot, Sébastien, dans son combat pour maintenir l’exploitation familiale malgré une énorme dette. Sébastien va aussi tenter de mettre fin à ses jours. Sauvé de justesse, il pourra également poursuivre son exploitation grâce à une action de solidarité paysanne.

Ce film a déjà reçu de nombreux prix. Il vient nous rappeler qu’en France le taux de mortalité par suicide chez les agriculteurs est le plus élevé de toutes les catégories socio-professionnelles. En France encore, deux fermes sont abandonnées toutes les trois heures.

Qu’en est-il en Suisse? La situation n’est guère meilleure. Il faut revoir sur ce sujet l’excellent documentaire présenté par «Temps présent» le 16 janvier 2014, intitulé “Paysan – une espèce en voie de disparition”.

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4 commmentaires à “Un film raconte la misère de la paysannerie française”

  1. Yasmine Motarjemi 2 mars 2016 at 09:19 #

    Merci pour cet article et le soutien à la cause paysanne. Pour information voir le reportage suivant ” Suicides d’agriculteurs : l’émouvant témoignage d’une famille endeuillée”.
    Chaque année, selon les chiffres officiels, 200 agriculteurs mettent fin à leurs jours.
    Une famille en deuil a accepté de témoigner.

    http://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/agriculture-la-profession-de-plus-en-plus-touchee-par-les-suicides_1331611.html#xtor=CS1-746

  2. Claire-Marie 3 mars 2016 at 13:49 #

    La misère de la paysannerie: pas en France seulement!
    Malgré les “payements” directs (et les exigences), les paysans de mon pays, la Suisse, ont un avenir incertain, voire pas d’avenir du tout. Sans la dévouement et l’amour des “petits paysans”, notre terre bien-aimée dépérit. Compter sur la solidarité est un leurre dans le système actuel.
    La terre abandonnée par ses enfants va se venger! Les multinationales ne savent ni labourer la terre, ni pétrir la pâte : Le levain indispensable: c’est l’Amour du Pain partagé.

  3. Michelle 3 mars 2016 at 17:33 #

    Et ceux qui tiennent le coup, finissent parfois par devoir travailler, pour survivre, dans ces sinistres hypermarchés qui grignotent nos terres cultivables et défigurent nos paysages.

  4. brigitte 12 mai 2017 at 16:07 #

    comment ne pas avoir honte face à toutes les restrictions dont sont arrosés les agriculteurs
    L’humain doit rester prioritaire ,on ne peut se prétendre défenseur des animaux en reléguant les paysans au simple rôle de paysagistes
    A force de jouer avec les sentiments des travailleurs de la terre espérons ne pas nous retrouver face à une invasion d’oies d’Egypte qui conduit l’Allemagne à ne plus savoir que faire pour s’en débarrasser
    Ou quand à force de vouloir vivre comme dans la Petite maison dans la prairie de nombreux humains font n’importe quoi quitte à mettre les humains mêmes en danger surtout que ces oies picorent toutes les semences de blé ou autres céréales ,elles ont choisi l’Allemagne car chassée des Pays Bas et ensuite ou iront -elles ?

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