Le chemin de croix du chef de la diplomatie suisse


Le parlement suisse s’ennuierait ferme.

PAR CHRISTIAN CAMPICHE

La faute au Conseil fédéral qui n’a pas d’idées, nous apprend le correspondant parlementaire d’un quotidien romand. Est-ce grave, docteur?

Didier Burkhalter, lui, a répondu à sa manière, il laisse ses collègues du gouvernement à leurs angoisses existentielles. Il s’en va. Non sans rompre une lance contre un système qui néglige à ses yeux l’information. Les journalistes sont un relais important de la démocratie, ils méritent d’être bien traités. Le ministre des Affaires étrangères aurait-il aimé lire ou écouter davantage de commentaires pertinents sur l’enlisement du dossier européen? Le fait est que trois ans et demi après le vote qui, demandant le rétablissement de contingents d’immigration, contredit les accords de libre-circulation, la Suisse pédale toujours dans le yoghourt. Sans grand espoir de s’extraire du bourbier.

Pour cela il faudrait que la Suisse obtienne la maîtrise du dossier, ce qui est un vœu totalement pieux. Bruxelles dicte la musique du bal et le malheureux interlocuteur helvétique, le chef de la diplomatie, en est réduit à obéir au rythme des cymbales. On comprend le désarroi de l’intéressé. Pris entre le marteau européen et l’enclume UDC, le parti à l’origine du pétchi issu du vote du 9 février 2014, son quotidien s’assimile à un chemin de croix.

Le gouvernement aura-t-il plus d’allant après le départ de Didier Burkhalter? Encore faudait-il savoir si son poste intéresse quelqu’un. Et d’abord, la Suisse a-t-elle encore une politique étrangère? Ensuite de quelle marge de manoeuvre dispose le ou la titulaire du département concerné? N’est-il pas révélateur que cette personne provienne quasiment systématiquement d’une région latine  du pays? Pour revenir au successeur de M. Burkhalter, rien ne dit déjà qu’il sera l’élu(e) choisi(e) par le parlement le 20 septembre prochain. Une rocade pourrait bien intervenir, surtout si le grandissime favori, Ignazio Cassis, devait l’emporter. Lobbyiste des assureurs, ce qui lui assure des inimitiés, le sénateur tessinois se verrait mieux à l’Intérieur ou à la Justice.

Dans ce dernier cas de figure, Mme Sommaruga prendrait les Affaires étrangères et du même coup le dossier de la préparation de l’accord dit institutionnel, susceptible de sauver les bilatérales mais déjà mal parti dans la mesure où il ne convainc pas l’économie. A moins, ce qui se comprendrait, qu’elle ne préfère s’effacer devant plus idéaliste (ou inconscient) qu’elle. En attendant, les députés n’ont peut-être pas fini de se tourner les pouces. Attention: quand s’enlise le débat politique, la démocratie tique.

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Un commentaire à “Le chemin de croix du chef de la diplomatie suisse”

  1. brigitte 27 juin 2017 at 16:09 #

    Très bon article et très réaliste Encore un bon qui s’en va .dommage !

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