Institutions sportives en Suisse: une critique difficile


Le CIO est à Lausanne, mais ce n’est pas la presse romande qui en parle le mieux.

PAR JACQUES GUYAZ

Réuni à Lausanne, le CIO a donc décidé d’attribuer en une seule fois les Jeux olympiques d’été de 2024 et 2028. Les deux seules villes candidates, Paris et Los Angeles, ont été confirmées. Il reste maintenant à déterminer laquelle des deux organisera les JO en premier, dans tout juste sept ans.

En réalité, la décision était cousue de fil blanc et le déplacement très remarqué d’Emmanuel Macron à Lausanne pour soutenir la candidature de Paris était une opération de marketing sans grande influence sur le choix final.

Il est en effet quasiment acquis que Paris sera la ville-hôte en 2024, histoire de célébrer le centenaire de la première organisation des Jeux dans la capitale française en 1924. Los Angeles se chargera de ceux de 2028 avec, semble-t-il, une contribution financière du CIO substantiellement plus élevée que celle dont bénéficiera Paris. En bref, un ensemble de non-décisions bien mises en scène pour le grand public.

La presse romande a couvert l’événement en mettant très fortement l’accent sur la présence du président Macron et en consacrant fort peu de lignes à la délégation de Los Angeles. Etait-il si compliqué d’obtenir un entretien avec Eric Garcetti, premier maire juif de Los Angeles et le plus jeune depuis plus d’un siècle? La palme de l’inconsistance revient tout de même au Matin qui consacre dans son édition du 10 juillet quatre pages purement people au président français sans l’ombre d’une information et qui publie, les deux jours suivants à propos de la réunion du CIO, une brève dépêche de l’ATS suivie d’un court papier uniquement factuel d’à peine 1’600 signes.

Le CIO a son siège à Lausanne et la logique voudrait que la presse locale et plus généralement romande soit particulièrement bien informée de toutes les manœuvres, intrigues et stratégies savantes ourdies dans ce cénacle assez fermé, sans parler de tous les événements se déroulant dans la bonne cinquantaine de fédérations sportives internationales abritées en Suisse. Or ce n’est absolument pas le cas.

Il faut lire la presse de langue anglaise pour avoir une vision un peu distanciée et critique du monde du sport. La bataille contre Blatter et les pratiques de la Fifa est partie d’Amérique.

En fait tout se passe comme si nos médias (romands surtout, les alémaniques étant plus percutants) étaient paralysés à l’idée de publier des informations un peu critiques sur les institutions internationales siégeant dans notre pays. Peut-être une sorte de crainte de les voir partir, de compromettre l’image de la Suisse.

Cette attitude traduit au fond la situation d’un pays peu sûr de lui, qui redoute le jugement des autres ainsi que son effet potentiel sur l’économie et le tourisme de congrès et qui a le sentiment que toute attaque contre la Fifa, l’UEFA ou le CIO lui est directement adressée.

Domaine Public

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Un commentaire à “Institutions sportives en Suisse: une critique difficile”

  1. Christian Campiche 20 juillet 2017 at 14:49 #

    Même le for juridique est un obstacle à la transparence. Un journaliste allemand qui voulait enquêter s’y est cassé les dents.

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