Pourquoi l’inflation reste-t-elle à zéro ou presque?


Afin que les économies ne tombent pas en récession, les banques centrales visent conjointement un taux d’inflation de 2%.

PAR PIERRE ROCHAT

Pour cela, elles ont créé de la monnaie pratiquement sans limite depuis bientôt dix ans en application de la théorie quantitative qui postule précisément que pour une quantité de biens donnée, une masse monétaire en expansion fait monter le niveau de prix de ces biens.

Illustration: s’il y a disposition 10 noix de coco et 100 francs, le prix de la noix sera de 10. S’il y a 200 francs –et toujours 10 noix- le prix sera de 20.

Or, cette « théorie quantitative de la monnaie » a pris les banques centrales en défaut car il faut bien constater qu’il n’y a pas d’inflation en dépit d’une multiplication bien plus rapide de la masse monétaire que de la production de biens. Cherchez l’erreur.

Le respectable “Financial Times” du 19 septembre 2017 titre «The Inflation Enigma» où les experts sont pris à contre-pieds et cherchent à se justifier. Que veut-on cacher ?

Bien sûr, il y a eu de grands attracteurs déflationnistes tels que le prix du pétrole, des matières premières et des taux d’intérêts mais aussi les gains de productivité induits par la technologie et la concurrence plus ouverte due au libre-échange. Mais ces facteurs n’ont pas à eux seuls fait contrepoids à la création de monnaie. Il y a autre chose.

On néglige de dire que la formulation complète de la théorie quantitative de la monnaie prévoit un facteur de « vitesse de rotation de la monnaie » à côté du facteur masse. Ainsi, une grande masse monétaire à disposition, mais peu utilisée, conduira à une stagnation des prix alors que si le même franc change de mains cent fois en un jour, participant à cent transactions, il augmentera la demande du bien considéré et donc son prix.

Mais pourquoi dès lors cette triviale démonstration est-elle tue par les autorités monétaires ? Parce que le levier de la rotation de la monnaie n’est pas dans leurs mains. Aux commandes sont les consommateurs. Et cet acteur économique doit avoir confiance en l’avenir pour consommer, donc faire « tourner » l’argent. Sinon il épargne.

Voilà pourquoi l’inflation ne se manifeste pas, à la grande honte des banques centrales, malgré les quantités de monnaies phénoménales qu’elles ont créées : elles n’ont pas effacé la méfiance.

Attendons que la rotation de la monnaie augmente et l’inflation arrivera au galop. Le problème sera alors de l’arrêter.

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