C’était un paysage bucolique avec des haies et des champs. De la boue rouge l’a transformé en désert rouge. En aval, la faune et la flore du Danube sont menacées.
Alors que la presse traditionnelle reste très superficielle sur le contexte de la catastrophe de Kolontar, en Hongrie, on en apprend un peu plus sur internet. Le président du groupe MAL est un millionnaire proche de l’ancien Premier ministre socialiste (millionnaire, lui aussi), qui ne trouve rien de mieux que d’annoncer à tout venant la réouverture imminente de l’usine d’où s’est échappé le mélange toxique et meurtrier. Il faut penser aux 3000 personnes – mais qui les a comptées ? – qui dépendent de cette industrie dans le pays, n’est-ce pas.
Les habitants des villages évacués manifestent leur désarroi face à la superbe des dirigeants de l’entreprise qui ont offert 150.000 dollars à titre de dédommagements. Ils n’ont pas le sens du ridicule. Le maire de Kolontar, cité par le journal en ligne américain «monsters and critics», n’arrive pas à prendre cette proposition au sérieux. Il l’a d’ailleurs repoussée.
George Soros, lui, est plus généreux : sa fondation a offert 1 million de dollars. Mais c’est un membre de la diaspora hongroise. Il n’a pas attendu le feu vert du gouvernement à Budapest qui insiste sur la capacité du pays à maîtriser la crise sans l’aide de la communauté internationale.
Le Premier ministre hongrois s’est rendu sur les lieux de la catastrophe. « Il a décrété que l’endroit n’était plus habitable et qu’il faudrait reloger les gens ailleurs. Mais il n’a pas dit où ni comment», commente Janos, un habitant de Kolontar.
Avec l’explosion de la plate-forme pétrolière de BP dans le Golfe du Mexique et la pollution dantesque des plages de Louisiane – qui en parle encore ? – , l’année 2010 sera à marquer d’une pierre noire. La catastrophe de Kolontar n’est pas la première, ni la dernière, malheureusement. Elle s’ajoute à la liste déjà longue des accidents industriels dans le monde provoqués par la négligence et le désir de gagner de l’argent à tout prix, sur le dos de la sécurité. Aucune nation n’est à l’abri.
Les collectivités publiques en sont-elles suffisamment conscientes?: la gestion des déchets est en passe de devenir le problème numéro un en ce bas monde. Peut-être faudrait-il aussi que l’homme soit plus sage et freine la course à la consommation dont il fait religion.