La révolte du «Daig»


CHRISTIAN CAMPICHE
A Bâle, ils font partie du «Daig». Banquiers ou pharmaciens, ils n’ont plus grand-chose à voir avec les patriciens qui dominaient autrefois la ville rhénane mais ils y donnent néanmoins le ton. Et cette fois, le «Daig» a dit «halte!» Stop à l’ennemi héréditaire zurichois dont il devinait déjà les contours lors du débarquement de Tito Tettamanti dans le capital de la «Basler Zeitung», en janvier dernier. L’épisode de la société de conseils appartenant à Christoph Blocher a été la goutte qui a fait déborder le vase. Il ne serait pas dit que la «BaZ», journal traditionnellement de centre gauche, portant haut les couleurs de l’humour décapant et du carnaval, particularités bâloises, passe si facilement dans le giron de la métropole rivale des bords de la Limmat.
Le raid manqué des sieurs Tettamanti et Blocher est intéressant parce qu’il illustre les limites de la politique du bulldozer quand un symbole de l’identité d’une région est menacé. A certains égards, il rappelle l’affaire Cardinal à Fribourg. Les Bâlois n’ont pas été jusqu’à descendre dans la rue pour sauver leur journal, mais Tettamanti et consorts ont dû se rendre à l’évidence: au train des désabonnements, plusieurs centaines par mois, on voyait mal la «BaZ» revenir dans les chiffres noirs, un objectif que les anciens propriétaires voulaient prioritaire.
Avec le Bâlois Moritz Suter, une vieille connaissance du monde industriel helvétique, une tête blanche succède à une autre tête blanche. L’ancien pilote de Swissair puis de Crossair n’étant pas connu pour disposer d’une fortune le plaçant parmi les plus riches du pays, un doute subsiste quant au financement du rachat de la «BaZ». Suter est-il l’acteur principal ou seulement un homme de paille? Ce personnage haut en couleur n’ayant pas l’âme d’un comparse, on pencherait plutôt en faveur de la première hypothèse. Son caractère bien trempé devrait en tout cas faire taire les mauvaises langues qui voient déjà un certain… Marcel Ospel, un autre Bâlois, qui plus est complice de Suter du temps où Swissair piquait du nez, tirer les ficelles en coulisses.
Commentaire paru dans “La Liberté” du 25 novembre 2010

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