Un impôt sur le vin tué dans le verre


Comment célébrer dignement les 75 ans de la lutte héroïque du futur conseiller fédéral radical Paul Chaudet contre «l’impôt sur le vin»? En relançant la même idée, au mépris de la Constitution fédérale! Un membre du Gouvernement, Eveline Widmer-Schlumpf, a la mémoire courte. Mais la velléité d’une taxe de deux francs par bouteille semble avoir été prestement tuée dans le verre. Elle n’avait pas été retenue l’année passée dans le projet de loi sur l’alcool, qui doit être prochainement discuté aux Chambres.

Dans «Conduire ou subir», celui qui connaîtra une pénible fin de carrière avec «l’affaire des Mirage», soit des avions de combat pour l’armée suisse, autre serpent de mer sous la Coupole, Paul Chaudet explique : «Avec les syndics Frédéric Fauquex et Albert Massy, avec plusieurs vignerons, nous avons pris le risque (réd.: de la résistance). Conscient des difficultés politiques que de telles mesures allaient provoquer, le Conseil fédéral, après avoir entendu une délégation du Conseil d’Etat (réd.: vaudois), finit par renoncer à percevoir l’injuste contribution.»
75 ans plus tard, attisée par la cagnotte de plus d’un milliard de francs pour la caisse fédérale, la Confédération ne se contente pas de repasser les plats, mais le verre de vin qui va avec… Révélée par la NZZ, la velléité d’un tel impôt a déclenché une levée de bouclier, relayée par “Le Matin-Dimanche” et la télé locale valaisanne Canal 9. Selon notre confrère Paul Vetter, qui a interrogé Christophe Darbellay, le dossier a été classé verticalement et le Conseil fédéral ne devrait même pas en discuter…
Dans la presse dominicale du 22 mai, le même Darbellay, président du PDC suisse et du conseil d’administration de Gilliard Vins à Sion — et qui rêve des habits de Paul Chaudet (sans les Mirage…) — parlait de «mise sous tutelle de l’Etat». Attaque frontale de la Suisse romande (qui produit 70% des vins suisses) et «mise en danger de la cohésion nationale» pour l’encaveur de Vétroz Jean-René Germanier, président (radical-libéral) du Conseil national en cette année électorale. «Fausse bonne idée» pour le Genevois Luc Barthassat, vigneron PDC.

La filière viticole française passe à l’offensive

Trois jours plus tard (édition datée du 25 mai 2011), malgré la fameuse et si mal-nommée loi Evin, les lecteurs du “Monde” pouvaient découvrir toute une pleine dernière page de pub pour le manifeste de Vin & Société (www.vinetsociete.fr/manifeste, qui publie un entretien avec le sommelier et journaliste, actif au Québec, Jacques Orhon). On y lit que «le vin traverse, accompagne notre histoire». «Dans un verre de vin, il y a donc un peu de géologie, de la géographie, du travail, de la précision, du savoir-faire, de la transmission et, surtout de l’éducation et de l’histoire. Traiter le vin uniquement en boisson alcoolique, c’est mépriser l’histoire, faire une «bouillie de statistique» avec notre culture. Autant calculer Monnet en kilos de peinture et Ravel en décibels. (…) Pour être fiers de nos vignes, de notre métier, nous devons contribuer à faire apprécier le vin à sa juste mesure.»
Et la mise en page rappelle dans sa marge une «règle de 4» : 1 jour d’abstinence par semaine, 2 verres de vin par jour maximum pour les femmes, 3 verres pour les hommes et 4 verres maximum en une seule occasion. Le tout souligné en bas de page par la phrase de rigueur, depuis la loi Evin : «L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération».
Article paru dans “Thomasvino

 

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