Que faire de l’Office des transports?


Ce ne sont pas des trains régionaux qu’il faut supprimer, c’est l’Office fédéral des transports!

PAR PIERRE NICOLAS

Parce que cette fois, en dressant, sur simple clic, des listes de lignes régionales à la couverture des coûts taxée d’insuffisante, l’OFT a tapé fort. Il faut souligner l’exploit. La Suisse allemande paraissant, à la différence de la réforme du rail de 2005, tout autant touchée aujourd’hui que la Suisse romande, l’administration a réussi à faire l’unanimité contre elle. C’est un tollé général – outre Sarine, le terme «blödsinn» repassait en boucle – au point que l’on se demande si l’OFT n’a pas sciemment monté une provocation en vue de susciter une réaction de sauvegarde du trafic régional. Mais ce serait beaucoup lui accorder.

Cette administration s’est souvent signalée par des interventions de démembrement des réseaux dont elle est censée encourager le développement. Que resterait-il des transports publics si les cantons n’avaient pas régulièrement résisté aux injonctions de ces fonctionnaires-comptables? Il y a deux ans ce fut la tentative de purge des cars postaux. Plus avant, la Suisse romande n’a pas oublié le projet de réforme ferroviaire de 2005, dont la mouture originale calamiteuse avait pu heureusement être renvoyée au Conseil fédéral.

Il est aussi arrivé que l’OFT atteigne ses buts, comme en 1969, lorsqu’il a obtenu la suppression de sept kilomètres de ligne de jonction entre St-Légier, sur le réseau ferroviaire veveysan, et Châtel-St-Denis. Le directeur de la compagnie veveysanne CEV et les autorités cantonales vaudoises ont de la chance qu’on les ait oubliés, évitant que l’on associe à la moindre occasion leur nom à cette ânerie, qui prive aujourd’hui encore la région d’une belle boucle touristique entre Veveyse et Gruyère, et d’une précieuse liaison pour les pendulaires.

Bon. La dernière trouvaille de l’OFT contre les trains régionaux est morte née, s’accorde-t-on à dire, au vu des réactions. Encore que les directeurs de compagnies régionales en phase d’achat de matériel roulant peuvent s’attendre à quelques litanies sur la couverture des coûts, à l’heure du dépôt de leur demande. Ceci dit, comment jauger le sérieux d’une proposition de l’OFT? Sur quels critères; y a-t-il un étalon?

Peut-être. Rares sont les lignes épargnées par les normes réductrices de l’Office, mais en parcourant les listes, on trouve ce que l’on pourrait appeler des absents de marque. Comme la ligne RBS Berne-Worb. Bon sang, mais c’est bien sûr, c’est elle qui assure la desserte d’Ittigen, où l’Office des transports a posé son siège. Nous voici rassurés. Les fonctionnaires-comptables continueront à arriver à l’heure au travail.

Voilà qui pourrait servir d’étalon. Le jour où la desserte d’Ittigen est menacée, ça deviendra grave.

Article paru dans “Courant d’Idées

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