Ceux qui se battent, ceux qui bastent


Nul doute que l’initiative II d’expulsion des criminels déposée fin 2012 par l’UDC est une stupidité. En revanche, la démonstration de combativité de ce parti est impressionnante.

PAR PIERRE KOLB

Une ânerie que cette initiative, ou un danger vu les problèmes juridiques posés déjà par la première initiative, problèmes qui expliquent les lenteurs mises à son application, et la deuxième ne va rien arranger, sauf à sortir de la Convention des droits de l’homme. Probablement ce que vise le noyau dur des Blochériens, mais cela ne figurait pas, même en petits caractères, dans les textes soumis lors de la récolte des signatures.

L’enjeu est crucial et on risque bien de devoir en reparler. Il reste que le succès de la deuxième récolte – 155.000 signatures! – atteste bien sûr d’une forte sensibilité populaire à la problématique des délinquants «importés», mais aussi, outre leur intelligence tactique, de la capacité de mobilisation de cette extrême-droite xénophobe. La démonstration est cinglante.

Elle est surtout à mettre en regard des mollesses de la gauche, dont les chef de file donnent de plus en plus l’image d’une coterie ventripotente, routinière et passive. Les exemples ne manquent pas. L’actualité nous en fournit un triste, celui de la tuerie de Daillon* qui nous a remis en mémoire la tentative, par une initiative populaire, de mettre un terme au laxisme généralisé en matière de contrôle des armes personnelles. La campagne avait révélé la survivance d’une mouvance suissiste et militariste qui avait permis, il y a deux ans, de faire échec à cette proposition. Un verdict sévère mais pas desespéré, qui ouvrait des pistes en vue d’une relance du débat. Il y avait matière à repartir le lendemain avec une nouvelle initiative populaire, différemment ciblée, au lieu de se complaire, ainsi que ce fut le cas, dans d’autosatisfaites considérations selon quoi l’initiative avait fait avancer le débat. Il aurait progressé, ce débat et pas que le débat, si une nouvelle initiative, ou quelque autre action d’envergure, avait été lancée. Mais la gauche mollachue était retournée à ses petites affaires. Et aujourd’hui on découvre que la création d’un registre centralisé des armes, premier élément clé du dossier, est toujours au point mort.

S’il n’y avait que ça. Mais on a vu en 2012 cette même gauche ergoter à propos du référendum sur l’asile, pour finir, hélas sans surprise, par renoncer à le lancer. Avec un aussi glorieux bilan, le président PS Christian Levrat pourra aller sans crainte à sa réélection de sénateur. Il s’est montré capable de regarder les réalités en face.

Toujours aux bilans 2012, dans le canton de Vaud le Parti socialiste, maintenant confortablement installé aux commandes, a laissé introduire sans se battre la honteuse taxe poubelle au sac, alors qu’il avait gagné précédemment un référendum, la seule consultation cantonale sur la question.

On s’en voudrait de taper sur le clou, mais l’impression est là. Il y a ceux qui se battent et il y a ceux qui bastent.

*Le dimanche 13 février 2011, jour du rejet de l’initiative contre la violence des armes, l’UDC valaisan Oskar Freisinger prétendait que «le but de l’initiative était déjà atteint.» Pénible réplique que celle qui lui est envoyée aujourd’hui à quelques kilomètres de chez lui.

Article paru dans “Courant d’Idées“.

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