Un banquier du monde très intrusif


Vous souhaitez vous débarrasser de votre pire ennemi ni vu, ni connu? Une recette: poussez-le à demander la réforme du Fonds monétaire international, le FMI.

PAR CHRISTIAN CAMPICHE

En mai 2011, Dominique Strauss-Kahn et Philipp Hildebrand s’y essayaient lors d’un colloque organisé par la Banque nationale suisse à Zurich. Quelques jours plus tard, le premier, saisi la main dans le sac dans une chambre d’hôtel, démissionnait de son poste de directeur général du FMI. Quant au second, il ne devait attendre que quelques mois pour se voir éjecté de la présidence de la BNS, suite à une présomption de délit d’initié.

Un changement de gouvernance au FMI est réclamé depuis des années par des Etats qui estiment que les Etats-Unis ont trop de pouvoir au sein de cette institution monétaire. Les pays émergents aimeraient qu’on leur accorde davantage de droits de vote. Mais Washington fait le gros dos.

L’enjeu est finalement un droit de regard sur l’économie du monde dont le FMI est l’un des bailleurs de fonds. Depuis le dernier krach mondial, plusieurs pays européens y ont eu recours. Ils le font à leurs risques et périls, à l’image de la Grèce et du Portugal. Le FMI n’aime rien moins que mettre son nez dans le ménage public selon une feuille de route qui s’harmonise avec les grands principes du libéralisme.

On réduit les retraites, les salaires des enseignants, on privatise l’eau et la Poste, donc les prix augmentent. Saignée à blanc, la rue se rebiffe. A peine un pays trouve-t-il un peu d’oxygène, qu’il s’empresse de dire stop au FMI, comme l’Argentine, il y a une dizaine d’années, ou l’Irlande, il y a quelques jours. D’autres, à l’instar de l’Islande et de la Hongrie, ont décliné tout simplement l’offre du FMI. Et ne s’en trouvent pas plus mal. Le PIB hongrois vient d’afficher deux trimestres positifs.

Chronique parue dans GHI du 16 octobre 2013.

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Un commentaire à “Un banquier du monde très intrusif”

  1. Titi 21 octobre 2013 at 13:38 #

    A celles et ceux qui, incrédules, seraient tentés de dire “Vous racontez n’importe quoi!”, celles et ceux qui auraient encore des illusions sur les valeurs morales et les procédés de ce grand pays démocratique que sont les Etats-Unis, je ne peux que recommander la lecture du discours prononcé par Harold Pinter lors de la remise du prix Nobel de littérature. Cela reste d’actualité!

    http://www.nobelprize.org/nobel_prizes/literature/laureates/2005/pinter-lecture-f.html

    Bien au regret de vous faire perdre vos dernières illusions sur Balthazar Picsou,

    Votre très dévouée Titi

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