Guerre et terrorisme, quand Dominique de Villepin prononçait un discours prémonitoire


A propos des événements choquants auxquels l’Europe est confrontée ces temps, ces jours derniers encore à Nice et Munich, et des réponses possibles de nos gouvernements, je voudrais faire un retour dans l’Histoire.

PAR BERNARD WALTER

Je suis d’avis que la guerre de 2003 contre l’Irak par les USA marque un tournant de notre histoire contemporaine et explique beaucoup de choses. Un document que chacun peut consulter le démontre avec force. C’est le discours du ministre français Dominique de Villepin, prononcé à l’ONU le 14 février 2003.

Discours prémonitoire. Discours en faveur d’une politique de paix contre la politique de guerre prônée par les USA.

Lors de la même séance, le ministre américain Colin Powell lui a répondu par l’ironie, dénonçant la «lovely rhetoric» de Villepin et opposant le «pays neuf» au «vieux pays». Pour alors déclarer que l’Irak détient des armes de destruction massive et que seule la guerre résoudra la question. Ce qui était un total mensonge. Deux ans plus tard déjà , il fait part de son regret pour son intervention mensongère, et dans un entretien de 2013, il a reconnu que l’Irak ne détenait aucune arme de destruction massive.

Dominique de Villepin dans son discours se montre visionnaire, cela est démontré par toute la suite des événements jusqu’à aujourd’hui. L’Histoire lui donne raison sur tous les points.

Extraits du discours de Dominique de Villepin du 14 février 2003

Un usage de la force serait si lourd de conséquences
pour les hommes, pour la région et pour la stabilité
internationale qu’il ne saurait être envisagé qu’en dernière
extrémité.

Il y a deux options:

L’option de la guerre peut apparaître a priori la plus rapide.
Mais n’oublions pas qu’après avoir gagné la guerre, il faut
construire la paix. Et ne nous voilons pas la face: cela sera
long et difficile, car il faudra préserver l’unité de l’Iraq, rétablir
de manière durable la stabilité dans un pays et une région
durement affectés par l’intrusion de la force. Face à de telles
perspectives, il y a l’alternative offerte par les inspections, qui
permet d’avancer de jour en jour dans la voie d’un désarmement
efficace et pacifique de l’Iraq. Au bout du compte, ce choix-là
n’est-il pas le plus sûr et le plus rapide?

Personne ne peut donc affirmer aujourd’hui que le chemin de la
guerre sera plus court que celui des inspections. Personne ne
peut affirmer non plus qu’il pourrait déboucher sur un monde
plus sûr, plus juste et plus stable. Car la guerre est toujours la
sanction d’un échec.

L’autorité de notre action repose aujourd’hui sur l’unité de la
communauté internationale. Une intervention militaire
prématurée remettrait en cause cette unité, ce qui lui enlèverait
sa légitimité et, dans la durée, son efficacité.

Une telle intervention pourrait avoir des conséquences
incalculables pour la stabilité de cette région meurtrie et
fragile. Elle renforcerait le sentiment d’injustice, aggraverait
les tensions et risquerait d’ouvrir la voie à d’autres conflits.

Une telle intervention ne risquerait-elle pas
d’aggraver les fractures entre les sociétés, entre les cultures,
entre les peuples, fractures dont se nourrit le terrorisme?

En quoi la nature et l’ampleur de la menace justifient-elles le
recours immédiat à la force?

Comment faire en sorte que les risques considérables d’une
telle intervention puissent être réellement maîtrisés?

Dans ce temple des Nations Unies, nous sommes les gardiens
d’un idéal, nous sommes les gardiens d’une conscience. La
lourde responsabilité et l’immense honneur qui sont les nôtres
doivent nous conduire à donner la priorité au désarmement
dans la paix.

Et c’est un vieux pays, la France, d’un vieux continent comme
le mien, l’Europe, qui vous le dit aujourd’hui, qui a connu les
guerres, l’occupation, la barbarie. Fidèle à ses
valeurs, il veut agir résolument avec tous les membres de la
communauté internationale. Il croit en notre capacité à
construire ensemble un monde meilleur.

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