Olivier Guéniat, le flic pétard


Olivier Guéniat, qui vient de disparaître, était un flic atypique.

PAR MARC SCHINDLER

Je l’avais rencontré lors d’un séminaire de formation à la communication. J’avais été bluffé par son ouverture d’esprit, son charisme et son réalisme.

En 2014, il avait jeté un pavé dans la mare en affirmant que le modèle répressif suisse de lutte contre la drogue était un échec. Vous me direz: encore un de ces scientifiques naïfs qui ne sont jamais sortis de leur bureau. Vous avez tout faux: Guéniat était alors chef de la police judiciaire du canton de Neuchâtel. Et il rentrait d’une mission d’expert en Uruguay, financée par l’Office fédéral de la santé publique.

Ils sont fous, ces Suisses: envoyer un flic pour faire la promotion du pétard! Guéniat était un flic atypique: diplômé de police scientifique et de criminologie, docteur en sciences forensiques, ancien chef cantonal de la police jurassienne, son canton d’origine. Il était devenu un expert reconnu des problèmes de drogue et il avait même trouvé le temps d’écrire un livre: «Le profilage de l’héroïne et de la cocaïne – une méthodologie moderne de lutte contre le trafic illicite». Bref, tout sauf un spécialiste en chambre.

Et ce que disait le Dr Guéniat, de retour d’Uruguay, étai plutôt provoquant: «Il faut légaliser la production et la consommation de cannabis dans l’espace privé… L’Uruguay fait le pari que cette mesure fera diminuer la pauvreté, la violence et la criminalité… un système de monitoring extrêmement sérieux y a été mis en place, afin de surveiller et mesurer les effets de la loi.» Le flic partisan du pétard privé était un pragmatique. Selon ses déclarations au journal «Le Temps»: «L’Etat autoriserait les consommateurs à s’organiser dans le cadre privé. Une autorisation accordée à ceux qui en feraient la demande et qui payeraient un certain montant annuel, par exemple quelques centaines de francs. Avec l’argent récolté, l’Etat pourrait financer des mesures de prévention et de détection précoce. Parallèlement, la répression pourrait se concentrer sur le marché illicite. Les amendes infligées pour détention de cannabis dans l’espace public devraient être beaucoup plus dissuasives qu’aujourd’hui, par exemple 1500 francs.»

Bien sûr, personne n’était prêt à le suivre dans sa croisade pour la légalisation du cannabis. Mais ses propositions iconoclastes, venant d’un professionnel de la police, ouvraient un débat qui n’est toujours pas fermé.

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Un commentaire à “Olivier Guéniat, le flic pétard”

  1. brigitte 17 mai 2017 at 07:14 #

    C”est bien triste et on ne peut ‘être que de tout cœur avec sa famille Ma première réaction en lisant le décès de Monsieur Guéniat a été, : ,décidément ça régresse dur dans ce canton
    Y’a vraiment un truc qui tourne pas rond à quelque part ! on insiste pour relier tout le monde et ce souvent dés le berceau à des réseaux anti sociaux et on veut défendre la fumette ? on serait tenté de rire aux éclats tellement cela parait absurde
    Ou quand le paraître va même tuer l’envie d’être !

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