Chronique catalane – Ariana Savall et Muma brandiront l’étendard de la non-violence sur la Place des Nations, lundi 27 novembre


Suite à l’application de l’article 155 de la Constitution espagnole, les conseillers du gouvernement catalan demeurent toujours soit en prison, soit en exil, dans la grande indifférence de l’Europe.

PAR FRANÇOIS GILABERT

L’Espagne, membre de l’Union européenne, a montré par sa gestion de la crise catalane un visage indigne d’une démocratie. La non-volonté de dialogue que le gouvernement de M. Rajoy a manifestée durant ces dix dernières années sur la question du statut d’autonomie de la Catalogne, comme les plaintes auprès du Tribunal Constitutionnel avant même son arrivée au pouvoir, mais aussi les images d’une brutalité policière sans précédent depuis la mort du dictateur, es images que tout le monde a pu voir lors de la tenue du référendum d’autodétermination du 1er octobre 2017, nous renvoient à des méthodes de pays totalitaires.

Le gouvernement catalan est accusé de rébellion, mais que veut dire ce terme? Il désigne normalement un soulèvement violent, l’utilisation d’armes, une conduite belliqueuse. Or lors du référendum et de la proclamation de l’indépendance, le 27 octobre 2017, rien de cela n’est arrivé! Au contraire, il s’agissait d’un vote, de bulletins, d’urnes, de citoyens voulant se prononcer sur l’autodétermination, et par des moyens des plus civilisés et non-violents! Il est choquant que ces méthodes ne soient pas dénoncées et ne provoquent pas davantage d’indignation auprès des citoyens européens.

Cela veut-il dire que rien ne s’oppose à ce qu’un conflit politique soit réglé par la violence des armes et des matraques? Amnesty international n’a pas daigné lever le plus petit doigt pour dénoncer avec énergie la répression qui sévit en Catalogne! Certes l’organisation a clamé du bout des lèvres que les deux dirigeants indépendantistes d’un mouvement civil et non-violent, Jordi Cuixart et Jordi Sanchez, ne devraient pas se trouver en prison pour un délit d’opinion ou pour des idées, mais quel retentissement cette déclaration a-t-elle eu? L’Europe tolèrerait-elle dorénavant les prisonniers politiques?

Pour l’Espagne et sa justice, le cadre de la consultation citoyenne ne joue aucun rôle, il est clair que les ministres catalans sont considérés comme des criminels n’ayant pas respecté la Constitution, donc passibles de lourdes peines allant jusqu’à trente ans de prison. Ne conviendrait-il pas de sanctionner plutôt un gouvernement espagnol qui s’est montré incapable de gérer un conflit et, face à l’échec, a fait usage de la violence et de la répression? Et n’est-ce pas devant la vénérable justice européenne des droits de l’homme que cette affaire devrait être portée? Mais là aussi… il s’agit d’une affaire interne, chut…

La non-violence, la dignité, le civisme, les droits démocratiques sont des valeurs auxquelles tous les catalans sont attachés. Lundi 27 novembre dès 17 h est prévue devant le Palais des Nations à Genève une manifestation d’ordre culturel, consacrée à ces valeurs et à la défense des droits fondamentaux bafoués en Catalogne. Ariana Savall, fille de Jordi Savall y donnera un concert et Muma, artiste catalan, présentera une œuvre de lumières magiques dont il a le secret. Cela vaut le détour.

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