CFF, mon désamour


Le service public n’agonise pas seulement à la SSR où le menace l’initiative No Billag, bientôt soumise au peuple. Il donne des signes inquiétants d’essoufflement dans d’autres régies étatiques.

A commencer par les CFF. Il faut prendre le train tous les jours pour comprendre les tourments auxquels sont soumis leurs usagers. Des retards continuels quand il ne s’agit pas de suppressions de train. Parti récemment à 23 heures du site de Penthes, non loin du Palais des Nations à Genève, le soussigné peut en témoigner. Il à mis deux heures et demie (!) pour regagner Lausanne, un trajet que l’on peut réaliser d’habitude en 45 minutes. Bus pour remplacer le train à la gare Cornavin, route cahoteuse, travaux dantesques sur l’entier du trajet entre Genève et Nyon. Arrêt à Coppet, descente à Nyon. Montée dans un train régional sans contrôleur, dont l’écran indique une fausse destination à un moment où vous ne pouvez pas vous permettre de rater le transport sous peine de rester en rade jusqu’au petit matin sur un quai désert et glacé.

Il y a une limite à tout. Jusqu’ici patiente, voire stoïque, redevable au personnel pour sa gentillesse et sa disponibilité dans l’adversité, la clientèle perd patience. Si encore les tarifs baissaient. Mais non, ils augmentent! Et les médias commencent à prendre conscience du problème, deux pages dans les journaux lémaniques du week-end pour dénoncer le chaos ferroviaire en Suisse romande, ce n’est pas trop tôt. Mais probablement trop tard pour infléchir le cours des événements. Les CFF semblent dépassés par l’ampleur de la tâche, le développement du réseau ferroviaire que symbolise le chantier pharaonique de la gare de Lausanne, un noeud, certes, mais désormais avant tout… gordien. Le génie qui gère ce micmac? Ne le cherchez pas, il se terre loin, très loin, là où les décisions adoptées en haut lieu semblent aux antipodes de la réalité que vivent les pendulaires entre Sion et Genève. A notre humble avis, le conseil d’administration des CFF peut tranquillement démissionner.

La Poste ne donne pas le meilleur exemple non plus. Fermetures, réductions d’effectifs, surveillance du personnel, distribution tardive du courrier, le prestataire semble plus à l’aise dans la distribution de chocolats et de guides culinaires. Mais surtout passez votre chemin, on ne critique pas une entité qui se privatise!

Il est loin le temps où les services publics helvétiques méritaient les louanges de la presse étrangère. En 2013 encore le journal en ligne libéral français Contrepoints titrait sur le modèle des CFF, une entreprise bien sous tous rapports dont le pendant hexagonal devrait s’inspirer. «Le train étant mon moyen de transport préféré, je dédie cet article à la SNCF qui a fait tout son possible pour me faire détester les trains», écrivait l’auteur.

Devrions à notre tour dédier cet éditorial aux CFF qui font tout leur possible pour nous faire détester les trains?

Christian Campiche

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4 commmentaires à “CFF, mon désamour”

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    François Meylan 17 décembre 2017 at 20:46 #

    Cet article me fait très plaisir. Je suis usager des transports publics quotidiennement et c’est souvent l’exaspération sur la ligne Lausanne – Genève.
    Et cela ne date pas de plusieurs mois mais déjà de plusieurs années. Au point où on peut avancer sans risque que le rapport qualité – prix n’est plus compétitif avec ce qui se fait dans les autres principaux pays européens.

  2. Bernard Walter 23 décembre 2017 at 15:08 #

    La notion de service n’existe plus, ni pour les transports ni dans les postes. C’est le résultat de l’idéologie de la concurrence et de la “réussite” individuelle. Rentrant de Bordeaux dernièrement, je suis allé prendre mon billet à la gare centrale le matin à une heure de grande fréquentation des guichets. Eh bien sur 15 guichets, seuls 2 étaient ouverts ! Résultat: 35 minutes d’attente. Je prends mon billet pour le TGV par Paris. Pour la deuxième partie du trajet, de Paris à Vallorbe, j’ai un billet sans place numérotée. Le trajet se fait en strapontin sur la plate-forme de sortie ou debout. Et la SNCF vend ces places supplémentaires sans prévenir, et au même tarif que les sièges normaux. Combien en vend-elle, on ne le saura pas, bien sûr. Il y aurait lieu de déposer plainte pour escroquerie, mais qui veut s’amuser à ça ?

  3. Olivier Robert 26 décembre 2017 at 18:37 #

    Il est vrai que ces dernières semaines, les suppressions de train ainsi que les retards semblent plus nombreux qu’à l’accoutumée, au départ de la gare de Lausanne en tous les cas. Toutefois, il faut se garder d’une généralisation sur la base de nos seules impressions, attendons les statistiques de ponctualité des CFF à ce sujet. Par ailleurs, je ne mettrais pas dans le même panier La Poste, les autres services publics et les CFF…

    Enfin, si l’on en revient aux CFF justement, la ponctualité est un critère de qualité, mais pas seulement ! La modernité et l’entretien des trains suisses – également sur les lignes régionales – sont largement compétitifs par rapport aux TER de nos voisins. Et l’horaire cadencé helvétique reste un “must” en la matière. Selon Wikipédia, en 2017, “un tiers des horaires en France deviennent cadencés”.

    N’hésitez pas à regarder à ce sujet en replay “C dans l’air” du mardi 26 décembre à 17h45 sur France 5 intitulé “SNCF, c’est plus possible”

  4. Alexandre Bidaud 4 février 2018 at 12:02 #

    A Monsieur François Meylan!

    Comment pouvez-vous porter un jugement sur les CFF à l’aune de la ligne Lausanne-Genève qui est encombrée par les pendulaires? Ayant certainement une voiture, lorsque vous êtes pris dans un bouchon, aux mêmes heures, sur l’autoroute, entre Lausanne et Genève, à qui vous plaignez-vous? Au Conseil fédéral ou aux autres usagers dont vous êtes?

    A Monsieur Bernard Walter!

    1) Jusqu’à preuve du contraire, Paris est la capitale française!
    2) La SNCF, c’est en France, aussi!
    3) Prenez une fois le SAV, en Espagne, et venez au dernier moment achetez un billet; on vous dira, peut-être, que le train est complet; eh bien, vous ne pourrez pas monter, vous devrez prendre le suivant.

    Alexandre Bidaud
    Chef de train CFF et Lyria à la retraite

    P:-S Les critiques constructives et objectives sont-elles gênantes?

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