Cher Elon Musk,
Tout d’abord bravo pour votre exploit avec Falcon Heavy (FH) et merci de nous avoir offert la possibilité de photographier le décollage sur le site “PAD 39A” grâce à nos appareils à distance (Remote Camera). Sans oublier l’autre opportunité que vous nous avez offert de voir le lancement depuis le site de presse (proche du VAB, bâtiment d’assemblage des véhicules) ou de NASA Causeway (route la plus proche de la fusée).
C’est désormais une tradition. Depuis 2006, la NASA est dans l’obligation de séparer les journalistes étrangers des autres américains. Nous sommes donc, nous étrangers, obligés d’être escortés par un véhicule dédié du Centre spatial Kennedy (KSC) depuis l’un des deux offices des badges jusqu’au site de presse (News Center) qui jouxte le VAB. Nos autres collègues américains peuvent s’y rendre en voiture avec leur seul badge usuel. Pour nous reconnaître, nous étrangers, nous avons une marque supplémentaire, donc un autre badge. Bref, on s’est dès lors accoutumé à cette procédure classique au pays de l’Oncle Sam.
Mais cette fois-ci, pour être accrédités pour le lancement de FH, nous avons dû procéder auparavant à une demande directement chez SpaceX sans passer par le service de presse de la NASA. OK, tout s’est bien déroulé. La prise en charge de l’escorte à l’un des offices des badges a ainsi, cette fois, été opérée par vos services privés, ce qui, pour nous, n’a pas changé grand-chose, du fait que nous étions toujours séparés des journalistes américains.
Cependant, arrivés sur place, sur le site de presse, tout a changé. À la sortie du bus, nous avons de suite été à nouveau séparés de nos collègues US en deux lignes bien distinctes. Ensuite, vos gardes nous ont obligés à poser nos sacs et matériels à terre avec ordre de ne plus y toucher, non pas pour en vérifier le contenu, mais pour nous donner l’occasion d’aller aux toilettes en groupe, et ce, avec des surveillants, contrôlant nos entrées et sorties à la porte des W.C.
D’habitude, une fois sur le site, nous avions toute liberté de circuler à l’intérieur et à l’extérieur du centre, pour voir le décollage ou participer à la conférence dans le bâtiment d’en face. Mais cette fois-ci, pas question de bouger sans qu’on soit contrôlé, épié et suivi. Pour assister au lancement à l’extérieur, nous avons dû demander l’autorisation de nous positionner à un endroit limité. En cas de besoin d’aller aux toilettes, nous devions aussi être escortés, de même que pour retourner dans le centre. Nous autres avons besoin d’une certaine liberté de mouvement, sans quoi nous nous sentons cadrés, oppressés, réprimés, ce qui peut influencer la qualité de notre travail.
En 37 ans que je couvre les lancements de fusées, la NASA ne nous a jamais traités de cette façon. Et je suis sûr que cette autre discrimination à l’extrême provient de SpaceX et non pas de l’administration américaine. Elon Musk, vous qui êtes d’origine sud-africaine, vous êtes un type formidable avec ce que vous entreprenez. Vous auriez davantage d’aura médiatique et populaire si vous nous accordiez, à nous journalistes étrangers, la même confiance qu’à vos compatriotes américains…
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Lettre ouverte à Elon Musk – Discriminés, les journalistes étrangers doivent être escortés aux WC
sur 11 février 2018 in Dernières nouvelles, Economie, Info en danger, Médias - Roland Keller - 1 commentaire
Tags: discriminations, Elon Musk, espace, Falcon Heavy, Info en Danger, Nasa, PAD39A, SpaceX
Un commentaire à “Lettre ouverte à Elon Musk – Discriminés, les journalistes étrangers doivent être escortés aux WC”
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