Cisjordanie, huit mois de prison pour gifles et coups de pieds, 9 mois pour homicide volontaire


Ahed Tamimi, jeune militante palestinienne, et Elor Azaria, soldat israélien, n’ont rien en commun, sinon qu’ils ont passé tout deux devant un tribunal militaire israélien et qu’ils ont reçu finalement presque la même peine, prononcée le 21 mars dernier pour l’une, le 19 mars pour l’autre.

PAR MICHEL BÜHRER

Les deux sont considérés comme des héros dans leur camp. La similitude s’arrête là. Ahed Tamimi a été condamnée à 8 mois de prison pour avoir giflé et donné des coups de pieds à deux soldats israéliens ; Elor Azaria a bénéficié d’une libération sur parole après 9 mois de prison pour avoir achevé d’une balle dans la tête un Palestinien blessé à terre.

Ahed Tamimi, issue d’une famille d’activistes, est devenue un symbole de la résistance palestinienne, d’autant plus médiatique qu’elle est adolescente, cheveux blonds au vent. Elle n’en était pas à sa première altercation avec l’armée. La scène incriminée a eu lieu en décembre 2017 sur le seuil de sa maison, dans le village de Nabi Saleh en Cisjordanie. Elle et sa cousine s’en sont pris à deux soldats en faction peu après avoir appris que leur cousin Mohammad Tamimi, 15 ans, avait reçu une balle dans la tête (l’armée israélienne assure que sa blessure est due à une chute de bicyclette). Elle a écopé de huit mois de prison après avoir plaidé coupable.

Soldat ambulancier, Elor Azaria était sur la scène d’une attaque au couteau menée par deux Palestiniens le 24 mars 2016 dans la vieille ville d’Hébron. Les deux assaillants étaient allongés par terre, l’un probablement mort, l’autre, Abdel Fatah al Sharif, blessé et inerte. De sang froid Elor Azaria a tiré une balle dans la tête du blessé. Il dira plus tard qu’il craignait que ce dernier fasse détonner une ceinture d’explosif, et qu’il n’aurait pas tiré s’il avait su qu’il n’en avait pas. Mais il n’a montré aucun remords. Un large mouvement d’opinion en Israël était opposé à ce qu’il passe en jugement (y compris le premier ministre Netayahou). Il a finalement été condamné pour homicide volontaire à 18 mois, ramené ensuite à 14 mois. Consigné sur sa base dans un premier temps, il sera libéré sur parole début mai après 9 mois de prison.

Au delà de la disparité entre les deux jugements, ces deux évènements sont devenus emblématiques parce qu’ils ont été filmés et diffusés sur les réseaux sociaux. Ils montrent la puissance que ces moyens ont pris au fil des ans dans les affrontements entre armée israélienne et activistes palestiniens. La mère d’Ahed, Nariman Tamini, a elle aussi été condamnée à huit mois de prison, notamment pour avoir diffusé la vidéo, ce qui est considéré comme de l’ «incitation».

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