Les canons de la Bourse


La politique ment souvent, elle désinforme, manipule. L’économie, elle, n’est pas forcément plus sympathique mais au moins elle ne triche pas. Sous peine de subir une sanction immédiate. Les indices boursiers sont le véritable étalon des soubresauts sociaux et des mouvements qui bouleversent le cours des événements dans le monde. 

L’Italie en offre le dernier exemple marquant. Piazza Affari, la Bourse de Milan, a reculé au lendemain de la nomination de M. Conte à la présidence du Conseil italien. Mais c’est moins en raison de la personnalité du nouveau chef du gouvernement, dont on se demande s’il ne sera pas la marionnette des deux partis eurosceptiques vainqueurs des dernières élections dans la péninsule, que de la dernière trouvaille de Donald Trump. Le président américain entend pénaliser les importations de voitures étrangères. Du coup les actions des constructeurs européens ont des ratés. Jusqu’à la prochaine annonce qui fera remonter la Bourse.

L’un de ces facteurs pourrait être le repositionnement des pays européens au sein de l’OTAN. Les gesticulations du locataire de la Maison Blanche ne rassurent pas les états-majors militaires qui se demandent s’ils ne feraient pas mieux de compter davantage sur leur propres capacités. Les forces politiques majoritaires en Italie se tâtent déjà dans ce sens. Une bonne nouvelle pour les hélicoptères Agusta, produits en connivence avec la Fiat par le groupe Leonardo, fleuron de la bourse italienne.

En Hongrie, le Premier ministre Orban a nommé un haut-gradé à la tête du ministère de la défense en lui assignant une tâche bien précise: développer l’infrastructure militaire. Il aura fort à faire car l’armée hongroise est probablement l’une des moins bien dotées d’Europe. Ses 32 chars de combat n’en font pas un foudre de guerre. Les voix globalisantes qui n’arrêtent pas de décerner des mauvais points à Budapest pour sa politique du hérisson feraient mieux de s’intéresser aux 1300 (!) chars d’assaut de la Grèce. Ce pays dont la population est comparable à celle de la Hongrie recense cinq (!) fois plus de blindés que la… France. Une bénédiction pour l’industrie allemande qui fabrique les chars Léopard mais un souci pour la Turquie, voisine de la patrie du Parthénon, contre qui sont dirigés les canons grecs. Récemment un journal russe mettait en garde contre les risques d’un conflit entre les deux nations, une éventualité qui reléguerait la guerre de Yougoslavie au rang d’aimable escarmouche.

Christian Campiche

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