En 2010, l’Espagne, la magnifique Espagne de Xavi Hernandez, est devenue championne du monde de football en Afrique du Sud. En son sein figuraient sept Catalans.
PAR STÉPHANE RIAND*
À la fin du match, le capitaine du Barça a fait le tour d’honneur ceint du drapeau catalan. 2010 était l’année charnière de l’indépendantisme catalan. Qui a pensé alors qu’il pouvait ne pas s’agir d’un acte politique ? Et qui a songé alors à ouvrir une enquête contre Xavi, Piqué Busquets et consorts ?
Aujourd’hui, la FIFA, l’une des organisations « légales » la plus corrompue de la planète ouvre des investigations sur l’aigle à double tête dépoloyé après leur victoire contre la Serbie par Xhaka, Shaqiri et le capitaine Lichsteiner. Que l’entraîneur serbe ait voulu, après le match, renvoyer l’arbitre allemand, l’un des meilleurs du monde, devant le Tribunal pénal de La Haye, ne semble avoir ému que peu de monde.
En vertu du principe cardinal de la neutralité helvétique, on voudrait exclure ces trois joueurs de l’équipe de Suisse ! Pourquoi alors ne pas interdire à jamais Pep Guardiola d’entrer dans un stade de football au motif qu’il a porté le lacet jaune qui symbolise le désir de libérer les prisonniers politiques catalans?
Que certaines « élites » du Kosovo aient choisi le trafic d’organes humains et que certains Serbes aient opté pour l’outrance idéologique et guerrière, c’est une chose. Mais, vouloir assimiler, même furtivement, les signes d’allégresse des joueurs suisses à des actes méritant des sanctions symboliques exemplaires en est une autre.
La Serbie a perdu, avec ou sans erreur d’arbitrage, comme Maradona est devenu champion du monde, avec ou sans la main de Dieu. L’esprit sportif, après quelques jours, n’est pas de vitupérer contre des âneries ou des enfantillages, ni de crier aux abords d’une pelouse contre les nationalismes déjà inscrits dans les hymnes nationaux voulus par la FIFA elle-même, mais simplement de rappeler que le football est un jeu beaucoup moins létal que ne le sont les bombardements sur la Syrie, les terrorismes islamiques, la guerre du Yémen ou la guérilla entre Israël et la Palestine. Et bien moins délétère que les mimiques bouffonnes entre Donald et Kim, ou entre les membres du G7 et la Russie de Poutine.
Le bon sens à mes yeux n’est pas dans l’ire symbolique, ni dans l’état de droit prôné par la FIFA. Il est plus prosaïquement dans le toucher du ballon sur une pelouse verte.
Bonjour à tous les jardiniers russes !
*Avocat-notaire à Sion, cofondateur du journal en ligne L’1dex.
