Moribonde OMC


A quoi sert encore l’Organisation mondiale du commerce? Cette OMC qui emploie plus de 600 personnes en son siège de Genève,  dans la rénovation duquel la Confédération a investi 130 millions.

En 1947 sortait des limbes l’ancêtre de l’OMC, l’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce, plus connu sous son acronyme anglais, GATT. Mao n’avait pas encore récupéré de sa longue marche, l’Amérique régnait sans partage sur l’économie mondiale. A l’instar du Plan Marshall, le GATT participait de la reconstruction d’une communauté de nations dévastées par la guerre. L’édification d’un ordre commercial sans barrières douanières.

Les Etats-Unis n’ont pas oublié qu’ils furent les fers de lance de la création de cet instrument du libre-échange. Mais tel Frankenstein, le créateur a fini par subir sa créature. Et se demande désormais ce qui l’a poussé à ouvrir l’OMC à la Chine en 2001. Une boîte de Pandore dont Bush Junior et ses conseillers économiques ne mesurèrent pas les conséquences. Moins de sept ans après l’Occident subira de plein fouet un krach systémique, la Chine deviendra son principal créancier. Problème, elle n’est jamais devenue une démocratie libérale.

Avec des faucons au pouvoir, il était inévitable que les Etats-Unis cherchassent la parade. L’OMC n’était déjà plus en odeur de sainteté depuis l’affaire du coton. En 2005, Brasilia dénonçait le protectionnisme américain et obtenait la condamnation de Washington par Genève. Les Etats-Unis mirent dix ans pour régler l’affaire, quelques centaines de millions de dollars pour solde de tout compte, une paille en regard de leur endettement. Mais une sacrée rancune au fond de leur coeur.

Aujourd’hui la Chine se plaint du nouveau protectionnisme américain, Pékin interpelle l’OMC dont Washington ne veut plus entendre parler. Quant à l’Europe, elle ne sait plus à quel saint se vouer. Ses constructeurs automobiles vrombissent de peur mais la crise n’a pas que des mauvais côtés. L’OMC moribonde, et alors? Il faudrait demander aux milieux agricoles, par exemple, ce qu’ils pensent de la situation. Traditionnellement, les paysans s’opposent à une évolution qui aboutit selon eux à l’accaparement des terres, la criminalisation ou la pollution de l’environnement. Et ne se gênent pas de le faire savoir à Genève où ils manifestent régulièrement contre le libre-échange. 

Christian Campiche

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