Le drame de la disparition du quotidien “Le Matin” a été pressenti dès le début de la décennie dans deux essais, “info popcorn” et “La presse romande assassinée”.
En 2010, les journalistes Christian Campiche et Richard Aschinger publient l’ouvrage bilingue « info popcorn – Enquête sur les médias suisses » / « News Fabrikanten – Schweizer Medien zwischen Tamedia und Tettamanti ». Largement diffusé en Suisse alémanique où il a été vendu à plus de 2000 exemplaires, le livre circule sous le manteau en Suisse romande, et pour cause: l’un de ses chapitres s’intitule «La presse romande assassinée». Titre prémonitoire sur lequel il convient de lever le tabou aujourd’hui, au vu des événements dramatiques à répétition qui endeuillent la presse lémanique: disparition de «L’Hebdo», restructurations au «Temps», à «24 Heures», à la «Tribune de Genève», mort du “Matin”.
La republication en 2017, avec des mises à jour, de ce texte quasiment censuré a permis de remettre l’église au milieu du village, à l’heure où il est de bon ton de dénoncer la mainmise de «méchants» Zurichois sur l’information francophone en Suisse. L’histoire de la presse romande au cours des trente-cinq dernières années impose une bonne dose d’autocritique car elle est d’abord un long chapelet d’occasions manquées et d’erreurs de gestion.
“La presse romande assassinée”, par Christian Campiche, Editions Eclectica 2017, 43 pages