Afghanistan dans le miroir de ses médias, sauvetage d’Aynak, trésor culturel


Le site Mes Aynak et la mine de cuivre au sommet et sur les flancs de la Montagne Baba Wali

En Afghanistan, une menace pesait depuis longtemps sur Mes Aynak, l’important site archéologique situé au sud de Kaboul, à plus de 2000 mètres d’altitude, dans la province de Lôgar. Le site comporte des monastères buddhistes, des maisons et des places de marchés, datés entre le IIIe siècle  et le VIIe siècle.

PAR SIMA DAKKUS RASSOUL

Ce serait le chantier du siècle, d’intérêt archéologique et scientifique, d’après un archéologue américain, important également pour l’histoire du bouddhisme. Il se situe à l’emplacement d’une mine de cuivre appartenant au gouvernement, sous contrat depuis 2010 avec une compagnie chinoise. L’amer souvenir des bouddhas de Bamyan, en 2001, détruits sous le gouvernement des talibans est encore présent dans les esprits.

Très médiatisé sur le web, un grand mouvement international, avec circulation de pétitions, prise de position de l’UNESCO et des États-Unis, s’est organisé pour sauver ces vestiges anciens remontant à l’âge du bronze. Des archéologues afghans et français ont continué leur travail sur le site et lutté contre la montre. Près de 400 statues de bouddhas et autres reliques ont été extraites, entre autres merveilles. Sous la pression des talibans, les travaux ont été interrompus à plusieurs reprises puis arrêtés depuis le printemps 2017.

Un accord vient d’être signé par la ministre des mines et pétrole afghane, Nahid Nehan, et celle de l’information et de la culture, Hasina Safi. China Metallurgical Group (MCG), la compagnie chinoise qui a remporté le contrat de l’exploitation de la mine, devra respecter quelques conditions : le transfert des anciens éléments archéologiques, la réinstallation des résidents et de leurs familes habitant aux alentours de la mine, maintien de la sécurité avant que la mine puisse être mise en fonction.

Le Directeur de l’Institut Afghan d’Archéologie, Noor Agha Noori, rappelle à Tolonews qu’il reste encore beaucoup à découvrir. Et que le passage par la Route de la Soie révèle des vestiges venant de Chine et de l’Inde. La durée des fouilles ne peut être encore déterminée, mais l’exploitation de la mine ne commencera que lorsque le travail archéologique sera terminé. Selon les estimations gouvernementales, la mine contient six millions de tonnes de cuivre, soit la seconde plus importante réserve mondiale non exploitée de ce minerai.

La culture et l’histoire auraient une priorité sur les intérêts économiques.  Conte de fée ou promesse électorale ? De quoi construire en tout cas des routes, des écoles, des hôpitaux, des maternités, des canaux, des barrages. Une reconstruction dont l’Afghanistan a besoin comme la voix d’une paix dont on parle tant, étouffée par le bruit des armes.

 

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