La Méduse a 15 ans


Août 2003. L’Europe étouffe mais les gouvernements ne font pas de lien entre la canicule et le réchauffement climatique. Les émissions de carbone et autres facteurs aggravants ne sont pas non plus le souci des médias. Les journalistes qui se hasardent à poser des questions insistantes sont priés de vaquer à d’autres occupations considérées comme prioritaires. La guerre d’Irak, par exemple. Ou les victoires de Michael Schumacher. 

C’est aussi en août 2003, il y a 15 ans, qu’est imaginé le site de la Méduse. Ou plus exactement son prédécesseur, le Radeau de la Méduse. Economie, santé, environnement, boussoles pour un monde à la dérive. Le blog entend se positionner en marge des courants de l’information formatée par les dircoms, les professionnels des relations publiques. A Berne, dans les couloirs du parlement, les façonneurs de l’opinion et autres experts en conditionnements sont désormais plus nombreux que les journalistes.

Le 1er octobre 2003, paraît le premier article sous la signature du fondateur, Christian Campiche. Nous en publions ici l’essentiel du contenu.

Métaphoriquement, “Le Radeau de la Méduse” symbolise aussi le monde actuel, en manque de leadership. Les élus de l’hyperpuissance, l’Amérique, donnent l’impression de naviguer à vue et de s’enliser dans une sanglante fuite en avant. La conduite d’aventures guerrières sans lendemain l’emporte sur une réflexion capable de redonner un véritable nouveau souffle à l’économie. La crise de confiance atteint le consommateur moyen, confronté à des enjeux biotechnologiques qui le dépassent mais aussi à des dérèglements climatiques inquiétants. Sans parler des catastrophes écologiques qui découlent de la course aveugle à la croissance.

Cette même crise de confiance est amplifiée par l’attitude des milieux officiels, censés informer la population. Lors de grandes catastrophes comme Tchernobyl, l’affaire de la vache folle, le naufrage du Prestige ou la pneumonie atypique, ils donnent l’impression de mener l’opinion publique en… radeau. Les journalistes qui exercent normalement leur métier ont toutes les peines du monde à obtenir des informations fiables. Ainsi que l’écrit le politologue américain Jerry Mander: “Notre société a été méthodiquement lancée sur une voie dont on ignore où elle mène, et ceux qui étaient censés nous éclairer sur les événements qui nous affectent ont failli à leur tâche”.

A la nécessité de décoder les non-dit, à l’irrésistible envie d’en savoir plus sur les événements qui affectent notre environnement et notre santé, s’ajoute le besoin de réfléchir à une nouvelle éthique de la consommation. Un seul exemple: la saturation de nos autoroutes. La construction de nouvelles voies dévoreuses de paysages est-elle forcément la solution à l’engorgement du trafic? Ne vaudrait-il pas mieux redéfinir les moyens de nous déplacer?

Jusqu’où nous emporteront les apprentis-sorciers du commerce mondial sur leur bateau devenu fou? Des bouts de ciel bleu se profilent-ils à l’horizon? Quelles solutions envisager pour assurer son avenir à la planète? Sauve-qui-peut la Terre.

En 2010, le Radeau s’allège et devient la Méduse, tout court. Le site n’est plus seulement barré par un navigateur solitaire, il emmène sur son pont des bonnes plumes et devient un espace d’expression pour un collectif d’auteurs, journalistes professionnels, photographes, écrivains, poètes, personnalités concernées par le débat public. Aujourd’hui la Méduse recense quelque 5500 contributions, analyses, éditoriaux, faits exclusifs d’actualité, créations poétiques et littéraires.

En 2018, l’Europe étouffe. Mais cette fois le ton a changé du tout au tout. Les médias donnent chaque jour la parole à des experts du climat qui mettent en relation la fonte des glaciers avec l’épaisseur de la couche d’ozone. Sans parvenir à rassurer les populations soumises aux slogans de la dictature consumériste. Pionnière du débat, la Méduse n’en retire aucune vanité, seulement la conviction que son engagement n’a pas été vain et mérite d’être poursuivi.

Christian Campiche

Tags: , , , , , , , ,

Mentions légales - Autorenrechte

Les droits d'utilisation des textes sur www.lameduse.ch restent propriété des auteurs, à moins qu'il n'en soit fait mention autrement. Les textes ne peuvent pas être copiés ou utilisés à des fins commerciales sans l'assentiment des auteurs.

Die Autorenrechte an den Texten auf www.lameduse.ch liegen bei den Autoren, falls dies nicht anders vermerkt ist. Die Texte dûrfen ohne die ausdrûckliche Zustimmung der Autoren nicht kopiert oder fûr kommerzielle Zwecke gebraucht werden.