Pour sauver le dollar, les USA doivent rétablir la confiance et les sanctions ne sont probablement pas le meilleur chemin


Coup d’oeil aux fondamentaux : le cours d’une monnaie dépend en premier lieu de la balance commerciale du pays émetteur.

PAR PIERRE ROCHAT

Ce facteur lui donne sa tendance historique. La balance commerciale comptabilise les échanges d’un pays, soit ses exportations et ses importations. Elle présente un excédent ou un déficit. La balance commerciale des USA est chroniquement déficitaire depuis des décennies. La conséquence est que le dollar s’est affaibli, passant en 60 ans de 4 à 1 franc suisse. 

En parallèle, fort de sa monnaie « de réserve » appuyée sur sa puissante économie, l’Etat américain a laissé filer les déficits publics, trouvant plus aisé d’emprunter l’épargne du monde que de vivre selon ses moyens. Ses créanciers, au premier plan le Japon et la Chine, ne semblaient pas avoir d’alternative aux bons du Trésor pour placer leurs surplus en dépit de l’inquiétante dette américaine qui s’accumulait.  

Mais, lorsque l’on tire sur la corde, on s’approche un jour du point de rupture. Les baisses d’impôt importantes décrétées ce printemps par l’Administration Trump pour soutenir la croissance vont encore engendrer une augmentation massive du déficit des comptes publics. Or, il est à craindre que l’alourdissement des déficits ne péjore davantage la valeur du dollar et ne décourage les prêteurs, inquiets de se voir rembourser en monnaie de singe.

Consciente, l’Administration US veut urgemment soutenir sa monnaie. Elle agit sur deux manettes, les taux d’intérêts et la balance commerciale. En montant les taux d’intérêts, elle renforce l’attractivité du dollar. En rétablissant les barrières douanières, elle freine son déficit commercial et apporte un soutien au dollar. Voilà la stratégie US. Elle vise à sauver le dollar, rien de moins. L’Administration Trump est la première à revenir aux fondamentaux. Il était temps.

Le Président Trump présente cette stratégie sous l’habillage politique de l’« America First » : prise de sanctions contre les pays qui nuisent à l’industrie US. Les victimes répondent par des contre-taxes et par la stratégie de la « dé-dollarisation ». Les grands créanciers des USA cherchent à diversifier leurs placements. La Russie, par exemple, a acheté de grandes quantités d’or (encore faudra-t-il que l’or cesse d’être coté à New York en dollars!). 

Où nous mènent ces grandes manoeuvres ? Le dollar ne sera fort et ne restera la monnaie de réserve que si l’on y croit, car c’est la confiance qui conduit le jeu. Les USA doivent rétablir la confiance et les sanctions ne sont probablement pas le meilleur chemin.

  

       

      

     

 

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