Les rayons afghans du Théâtre du Soleil, témoignage


La vie est magique. Certains matins, on croit que la journée nous apportera ce que nous avons programmé. C’est sans compter avec le hasard qui agit sans jamais dire son nom.
Photo SDR

En ce moment et jusqu’au dimanche 18 novembre, le Théâtre Kléber-Méleau a mis sur pied, en collaboration avec d’autres institutions, Une chambre en Inde de la grande metteure en scène française et directrice de troupe, Ariane Mnouchkine. Qui ne connaît le Théatre du Soleil qu’elle dirige depuis sa création en 1964?

Étant dans l’impossibilité de me rendre à l’une des représentations, mon regard a été capté par la projection à la Cinémathèque suisse d’un film sur une expérience du Théâtre du Soleil. En 2005, Ariane Mnouchkine avait été invitée à Kaboul pour donner un stage avec sa troupe, destiné à une production avec notamment des artistes afghans, étudiants aux Beaux-Arts pour la plupart.

Un soleil à Kaboul… ou plutôt deux, le film de Duccio Bellugi Vannuccini et Michel Chevalier retrace cette histoire qui aboutira plus tard à Paris à la création du Théâtre Aftab (Aftâb signifiant « soleil » en dari), théâtre formé par des Afghan.e.s au sein du Théâtre du Soleil.

Et me voilà installée devant l’écran. Sous mes yeux, ma ville natale que j’ai suivie de loin sans en jamais détourner l’attention.  Et l’art du théâtre devant des Afghans intensément à l’écoute. Des moments précieux où une grande artiste occidentale transmet sa passion et son exigence. Un documentaire important et nécessaire.

À la fin de la projection, trois comédiens afghans étaient là avec le réalisateur pour un débat. Un élan irrépressible m’a portée vers eux. Petit miracle de la rencontre à laquelle je ne m’attendais pas, concentrée que j’étais sur le film.

Je devais impérativement partir, mais me suis exprimée avant de quitter la salle et je leur ai rendu hommage de loin.

Hier, nous nous sommes retrouvés pour parler, mélangeant joyeusement dari et français autour de cette rencontre lumineuse. Un lien invisible au-delà des mots, des expressions ou des opinions nous unissait. L’histoire de notre pays d’origine nous interpelle et nous porte. Généreux et attentionnés, ils me découvraient, me questionnaient sur mon parcours de metteure en scène. Et moi, avide de les mieux connaître. Le temps nous a manqué. Quelque chose me dit que nous n’en avons pas fini…

Partager l’indicible a été un moment de pure poésie avec Omid Rawendah, Farid Gul Ahmad, Sayed Ahmad Hashimi. Trois soleils radieux.

Sima Dakkus Rassoul

Tags: , , , , , , , ,

Mentions légales - Autorenrechte

Les droits d'utilisation des textes sur www.lameduse.ch restent propriété des auteurs, à moins qu'il n'en soit fait mention autrement. Les textes ne peuvent pas être copiés ou utilisés à des fins commerciales sans l'assentiment des auteurs.

Die Autorenrechte an den Texten auf www.lameduse.ch liegen bei den Autoren, falls dies nicht anders vermerkt ist. Die Texte dûrfen ohne die ausdrûckliche Zustimmung der Autoren nicht kopiert oder fûr kommerzielle Zwecke gebraucht werden.