Amener colons juifs et Palestiniens en Cisjordanie au dialogue, cela existe. Dans un climat de tension extrême, cette démarche, presque irréelle, est décrite dans le film « The Field », réalisé par le rabbin Mordechai Vardi. La plateforme suisse de promotion de la paix KOFF, qui regroupe 50 ONG, oeuvrant pour la promotion de la paix et de la société civile, et soutenue par le Département fédéral des affaires étrangères, a organisé son visionnement, il y a quelques jours dans une salle de cinéma de Berne. Une histoire qui décrit de manière poignante et émouvante les rencontres entre deux communautés, initiées par l’activiste palestinien Ali Abu Awad, longtemps en conflit violent avec les autorités israéliennes et emprisonné plusieurs années, avant d’entamer un long processus de rapprochement fondé sur le dialogue avec les colons juifs. En dépit des périls et la brutalité du cycle occupation – attentats qui entoure en permanence ce combat non violent, « The Field » jette un regard crû sur une tentative d’humanisation périlleuse, mais solide, que les épreuves subies consolident même.
«Séjourner en prison fut mon université», relate Ali Abu Awad, «mais nous sommes là pour changer la réalité», constate-t-il un peu plus loin. Un chemin tortueux et difficile, presqu’oppressant lancé dans sa ferme à une encablure de Jérusalem. Dans cet environnement déprimant, la force de la démarche interpelle : le dialogue se poursuit avance et se perpétue. Cette initiative de terrain entamée en 2014, s’appelle ROOTS. Par exemple, l’association lausannoise Coexistences a reçu cet été des adolescents palestiniens et enfants de colons entre Lausanne, et à la montagne, Arolla en Valais.
La présidente de Coexistences, Fiuna Seylan Ongen a rappelé qu’«Il est si important que ces populations se rencontrent, cela humanise. Les Palestiniens expriment une réalité et les colons trouvent la force de les écouter », a-t-elle poursuivi à l’issue de la projection lors d’une discussion, avec Valentina Maggiulli, responsable du programme Moyen-Orient de l’ONG féministe CFD. Cette dernière s’est dit « impressionnée qu’Ali Abu Awad soit parvenu à mettre les choses sur la table et que les colons aient su les entendre.»
Edgar Bloch
Sur la photo eb, Valentina Maggiulli (CFD), Fiuna Ceylan Ongen (Coexistences) et Anna Leissing du KOFF, organisatrice de la soirée à Berne.
