Lettre à un ami – Merci pour votre saine désobéissance civile, les gosses!


Voilà des infos qui me donnent des ailes pour vivre mes cent prochaines années. Les jeunes! Oui, ces milliers de jeunes descendus dans les rues de Suisse. Pour faire la grève des cours. Au nom du salut de la planète.

Ce qui me laisse pantois, en revanche, c’est la réaction du chef de service de la direction fribourgeoise de l’Instruction publique, Monsieur François Piccand. « Il faut regretter le moment choisi », assure-t-il à la presse, dans une déclaration qui contient son… piquant de légèreté, s’agissant d’une question aussi vitale pour les jeunes générations. Et celles à venir. Si tant est qu’elles aient la chance de voir le jour…

Ces jeunes s’en viendront-ils un jour souffler un vent de dégagisme sur les membres du Conseil national qui, faut-il le rappeler, ont rejeté la loi sur le CO2, par 92 voix et 43 absentions… C’était pas plus tard qu’en décembre dernier! Une loi qui devait permettre à la Suisse de respecter les engagements de l’Accord de Paris. Demain, ces milliers de jeunes le rappelleront dans les urnes. Car j’ai la conviction qu’un véritable mouvement est né. Comme d’autres sont nés ailleurs, y compris chez nos voisins. Le changement? Peut-être qu’il est à ce prix, n’est-ce pas?. 

Les jeunes l’ont d’ailleurs compris, avec leur action « coup de poing ». Parce qu’il y a urgence dans l’urgence. A en croire Monsieur Piccand, “la même chose en dehors des cours aurait (eu) un meilleur impact”. Je réponds: Non, Monsieur, il faut savoir braver lorsque l’urgence est au rouge! Si la raison de la révolte n’était pas aussi impérieuse, vos propos prêteraient à rire. Là, ils m’indignent. Vous allez punir? Les écoliers s’en moquent bien. Et puis ne pensez-vous pas qu’ils sont déjà suffisamment punis avec l’avenir que des irresponsables dessinent pour eux?

En voilà une bien piètre opinion assénée sur des garçons et des filles courageux qui osent se rebeller contre la loi étatique! Ou plutôt contre l’absence de loi étatique au profit d’intérêts privés, ces multinationales que privilégient les Trump et autres Bolsonaro.

Par curiosité, j’ai regardé sur « Universalis » ce qui se dit à propos de la notion de « désobéissance civile ». Je cite: «On parle de désobéissance civile lorsque des citoyens, unis par des motivations éthiques, transgressent délibérément de manière publique, concertée et non violente une loi en vigueur pour exercer une pression visant à faire abroger ou amender ladite loi par le législateur ou à faire changer une décision politique prise par le pouvoir exécutif». Ce qu’avait fait un certain… Martin Luther King.

Nul doute que le haut fonctionnaire fribourgeois eût préféré un déferlement sans couverture médiatique. Une Suisse sans remous, telle est l’image privilégiée à Berne. Eh bien c’est raté! Merci les gosses! Merci, pour ce slogan en forme de triste évidence: “Si le climat était une banque, il serait déjà sauvé”.

Pierre Rottet

Sur notre image Micpic, la marée des écoliers au départ de la manifestation lausannoise, rue du Petit-Chêne, 18 janvier 2019.

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