Les Italiens de Massimo Furlan


Il était une fois…  Dans les années 60 commençait l’arrivée de la migration italienne en Helvétie. Alors, « on attendait des bras et ce sont les hommes qui sont venus », écrit Max Frisch. Ces hommes et femmes ont été les bras qui ont renforcé la construction de la Suisse et de sa prospérité. Mais les mots du grand écrivain donnent la mesure du choc de la rencontre et de la surprise.

Présenté au théâtre de Vidy, Les Italiens, c’est un spectacle et c’est davantage qu’un spectacle. Pour tous les gens qui ont été témoin et partie prenante de cette page d’histoire suisse, les souvenirs sont marquants, aussi bien que les premières initiatives contre la migration. Il en fut de même de la prise de conscience et de l’engagement suscités par la population du pays.

Pour entrer entièrement dans le spectacle, il faut connaître la tradition des Italiens qui jouent aux cartes dans le foyer ou sur la terrasse de Vidy quotidiennement. C’est là que Massimo Furlan les a rencontrés et que peu à peu, autour des contacts maintenus, Les Italiens est devenu un projet scénique. 

De l’histoire de ces personnes qui, le temps d’une représentation, incarnent à la fois leur propre personnage et le reflet de tant d’autres naît une émotion étrange. Par ailleurs, les joueurs de carte à leur table sont mis en abîme sur le plateau, un jeu de théâtre dans le théâtre, qui montre bien l’épaisseur de ce moment au-delà des mots. Le tour de force également des interprètes de ce conte.

Les liens qui se tissent entre les aînés et leurs fils font partie des scènes fortes de ce que la migration, toutes les migrations, entraînent. Des déchirures et des tendresses de réparation, tissés en patchwork.
Les atours de Superman résonnent à la fois d’humour, d’ironie et d’une vérité profonde de ces années évoquées. Les images font étinceler la survivance de figures héroïques – le personnage date des années trente – mais aussi l’hommage au tour de force de migrants séparés des leurs et de leur terre.

L’Exposition nationale de 1964 profita directement de ces forces de travail nouvellement arrivées. Max Bill concevait et construisait l’ingénieux bâtiment, l’actuel Théâtre de Vidy, pour le pavillon « Éduquer et créer ». De cette migration, l’une des premières à arriver en Suisse ces années-là, l’apport a été énorme. Il s’est révélé peu à peu. Dire que ce fut facile pour ces migrants serait un doux euphémisme. 

Le spectacle de Massimo Furlan reflète de manière subtile et ludique une réalité complexe sans la démystifier ni la surdramatiser. Il ne reste qu’à voir les Italiens sur scène de ses propres yeux et se souvenir. 

Sima Dakkus Rassoul

© Pierre Nydegger

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