L’explosion spatiale était toxique, pourquoi ces cachotteries?


Le soi-disant incident – en réalité une « explosion » – lors de l’essai de la capsule Dragon de SpaceX, samedi 20 avril, préoccupe non seulement en haut lieu les autorités du centre de la Floride (Comté de Brevard), mais également tout un chacun. D’une part, parce qu’un autre décollage de SpaceX (d’ailleurs repoussé de 6 jours), est programmé pour mercredi 1er mai 2019 à 10 h locale (16h suisse). Ce nouveau tir est davantage attendu, car la fusée Falcon embarque en son sommet également une : capsule Dragon. Les essais statiques ordinaires du premier étage du lanceur de CRS-17 (photo ci-dessous) se sont fait attendre ce vendredi 26 avril, ce qui a alimenté encore le suspense. Essai de moteur qui, finalement, s’est déroulé parfaitement ce samedi 27 avril.Certes, la capsule de CRS-17 n’est pas la même que celle qui a explosé, mais la population fait un amalgame entre l’un et l’autre vaisseau spatial. Et il y a une grande différence ! La capsule (camion) est chargée d’amener du matériel pour la Station spatiale internationale ISS par un autre « aiguillage » en étant accrochée à son arrivée par le bras robotique de la « locomotive » ISS. Tandis que la « capsule-astronaute », un peu plus cossue, s’amarre seule à l’ISS par une autre « voie » spatiale.

Pour revenir à l’« explosion » en question, la fumée brunâtre qui s’est en dégagée, « aurait envoyé des composés chimiques dangereux dans l’environnement ». Ce n’est pas moi-même qui le relève, mais le très sérieux quotidien Florida Today (voir copie ci-contre) qui l’annonce dans son édition de vendredi 26 avril 2019 : « Les propergols de la capsule Crew Dragon – conçus pour fournir avec soin les tirs des moteurs pendant les anomalies de décollage et pour naviguer dans l’espace – sont beaucoup plus dangereux que ceux utilisés pour le lancement typique. L’hydrazine et le tétroxyde d’azote utilisés le samedi 20 avril sont appelés fluides hypergoliques, ce qui signifie qu’ils réagissent violemment lorsqu’ils entrent en contact les uns avec les autres. Ils sont utilisés dans les fusées et les engins spatiaux depuis des décennies parce qu’ils peuvent être stockés sur une longue période de temps et restent fiables. »

La fumée qui s’est dégagée sur le tir d’essai de samedi 20 avril était donc bien toxique, du moins pour ce qui est les alentours. Comme SpaceX et la NASA sont bien conscients des risques encourus, c’est pour cela qu’ils sont très sévères en nous empêchant d’assister (journalistes étrangers, comme Américains) à ces tests. Les images de Craig Bailey qui ont fait le tour de monde où l’on voit la fumée orange et des baigneurs, ont été prises de très loin, environ 20 km au téléobjectif, d’où cette impression d’être proche. N’empêche que l’affaire « explosion Crew-Dragon » va faire couler encore beaucoup d’encre. D’autant plus que les dirigeants du programme spatial (surtout SpaceX) restent muets sur le déroulement de l’explosion. D’habitude si ouverte à donner des informations lorsque tout va bien (quoique), la société SpaceX ne fait pas tellement preuve de transparence médiatique lorsque tout va mal. Certes, on va faire preuve de patience en attendant le rapport final sur les causes de cette catastrophe. Mais un déroulement des faits aurait déjà pu atténuer nos soupçons. De quoi ? De cachotteries…

Évidemment, l’espoir de voir s’envoler les prochains astronautes américains de Cap Canaveral cette année s’amenuise. Ce qui profite un peu à la concurrence, Boeing, qui, avec sa capsule (aussi conique) « CST-100 Starliner Orbital Flight Test » pourrait s’envoler dès le 17 août au bout d’une fusée Atlas 5, de United Alliance, la concurrence à SpaceX. Je dis bien pourrait.Hey, où est la concurrence ? Entre Chinois et Américains ou entre les « acteurs spatiaux de l’Oncle Sam » eux-mêmes ?

Roland J. Keller, Cape Canaveral

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