La chienlit existant sur le Haut-Plateau depuis des lustres devait inspirer un jour un événement plus pétaradant que les précédents.
PAR STÉPHANE RIAND*
Et voilà que surgit dans le monde de l’argent désemparé un refus de faire fonctionner à la fin de la saison, prononcé par le responsable de CMA, les installations de remontées mécaniques. Le citoyen skieur et le touriste trompé sont pris au piège d’une guerre d’égos, de démagos et de rigolos. On ne schussera plus sur la Nationale, ni aux Violettes !
Qu’en penser ?
Le Valais n’a jamais voulu réellement se pencher sur la question du mode de financement des remontées mécaniques. Quoi de plus normal alors que surgisse un jour un vilain coquin qui vienne faire de l’ordre à la mode de l’éléphant dans un magasin de porcelaine. Et tous ceux qui pensaient continuer à tirer les ficelles se voient transformés en petits pantins désarticulés.
L’embêtant de la chose n’est pas que Crans-Montana ait sombré dans l’ultra ridicule, atteignant une sorte de nirvana absolu de la connerie humaine, mais que ces agissements de capricieux et d’irresponsables soient de nature à nuire à tout le Valais, tributaire du tourisme, dont la part dans le PIB cantonal n’est pas mince.
Mais cette incapacité à la solidarité responsable est-elle surprenante ou n’est-elle que la révélation d’un état d’esprit anti-diluvien ? Les épisodes récurrents illicites du Verbiergate indiquent sans hésitation que les politiques et les prédateurs ont un souci somme toute fantastisquement limité du bien collectif.
Devant la sidération populaire, Christophe Darbellay ne pouvait qu’imaginer devenir un médiateur cohérent de ce jeu de dupes. Peut-être croit-il disposer de certaines contraintes légales; mais il sera avant tout confronté à l’arrogance de l’argent et à la bêtise abyssale de certains élus. Au final, un semblant d’accord entre fripons et couillons pourrait être conclu. Mais la brisure aura été si tranchante et si malveillante que personne ne sera dupe de l’animosité qui règne dans les bas-fossés de Crans-Montana.
J’ai adoré passer toutes mes vacances, d’hiver et d’été, d’enfant et d’adolescent, à Crans-Montana. Mais, aujourd’hui, Crans-Montana, c’est simplement à mes yeux le titre d’un très beau roman de Monica Sabolo, avec un parfum de décadence avérée.
Bonjour à tous les croques-morts !
*Avocat-notaire à Sion, cofondateur du journal en ligne L’1dex
Ce qui vient de se passer à Crans défie toute logique économique. Le manque à gagner dans l’immédiat est considérable pour tous les intervenants. Sans tenir compte du risque d’image ni des dommages collatéraux à venir.
Surtout, cela démontre que l’on ne saurait confier les yeux fermés le bien commun à une entreprise privée. Même libéral que je suis, je demeure convaincu qu’un État fort doit pouvoir intervenir lors de tels dérapages.